Aljoša Rebolj

La fascination d'Aljoša pour la photographie a commencé vers 1986, lors d'un voyage en Chine avec des amis. « Je n'oublierai jamais la descente du train transsibérien. Nous sommes restés assis pendant une heure à Pékin à observer des millions de personnes », se souvient-il. « Tout le monde était à vélo. Nous ne pouvions même pas traverser la rue tellement il y avait de vélos. Lorsque vous vous retrouvez quelque part et que vous voulez partager ce que vous vivez, c'est là que la photographie entre en jeu. Un de mes amis avait apporté un appareil photo et c'est là que tout a commencé. »

Aljoša a commencé à perfectionner son savoir-faire dans la chambre noire, mais c'est en photographiant un groupe en vogue en ancienne Yougoslavie qu'il a percé. « J'étais légèrement amoureux de la chanteuse ! », se souvient-il. Les photos lui ont tellement plu qu'il a pris son courage à deux mains et les a envoyées au magazine français Photo. « Elles ont été publiées immédiatement », raconte-t-il. « C'était ma première publication photographique et cela m'a donné davantage confiance en moi. J'ai alors commencé à rencontrer les rédacteurs en chef et à travailler comme photographe de mode pour des magazines. »

Depuis, Aljoša a travaillé dans le domaine de la photographie éditoriale et publicitaire pour un large éventail de clients. Il est fier de sa capacité à réaliser des prises de vue rapides, en particulier lorsqu'il travaille sur un plateau très fréquenté où l'on produit également de la vidéo, comme c'est souvent le cas de nos jours.

« Le passage au numérique a tellement changé le métier », confie-t-il. « Vous devez comprendre la mission, cerner les besoins du client, avoir une bonne connaissance du produit phare. Et si on vous donne deux minutes, vous devez réussir à gagner vos honoraires de la journée pendant ces deux minutes. »

Vous êtes venu à la photographie par le biais du théâtre, ce qui n'est pas une voie habituelle. En quoi cette expérience vous a-t-elle aidée à devenir celui que vous êtes aujourd'hui ?

« Sur les plateaux de tournage, tout était vraiment beau. J'ai appris beaucoup sur l'éclairage, la mise en scène, la réalisation. En tant que photographe, vous devez respecter des règles esthétiques, mais les compétences en matière de communication sont également très importantes. En tant qu'acteur, j'ai grandi avec des personnalités qui n'étaient pas faciles à gérer. Cela peut être frustrant sur le moment, mais vous apprenez à développer des compétences en matière de communication. »

Quelles sont, selon vous, les autres compétences importantes pour un photographe, au-delà de la maîtrise de l'appareil photo ?

« Vos centres d'intérêt doivent être organisés à la manière d'un personnage de la Renaissance : il est important d'apprendre beaucoup de choses différentes, dans tous les domaines, pour alimenter le souffle créatif de votre photographie. L'inspiration peut venir de la musique, de l'art, de tout ce que vous lisez. C'est ainsi que vous écrivez votre histoire de photographe. »

Outre la photographie, vous produisez également du contenu vidéo. Comment en êtes-vous venu à la vidéo ?

« Le Canon EOS 5D était si accessible qu'il me permettait de faire à peu près tout ce que je voulais. Je pense que c'est ce qui a incité davantage de photographes hybrides à produire des vidéos, et c'est aussi la raison pour laquelle j'ai commencé sérieusement à faire des films. Canon Europe m'a demandé de travailler avec l'un des premiers ambassadeurs Canon sur un reportage concernant les athlètes paralympiques. Ils avaient de très belles histoires à raconter et c'est devenu un magnifique documentaire. »

De l'eau a coulé sous les ponts depuis que vous avez pris ces premières photos à Pékin en 1986. Qu'est-ce qui vous inspire encore dans la photographie ? Pourquoi continuez-vous à prendre des photos ?

« Quand on voit les plus belles choses du monde, on souhaite les partager et la photographie offre un moyen de le faire. Par exemple, le théâtre, univers qui m'est familier, est un art en voie de disparition. Lorsqu'un spectacle n'est plus joué, s'il n'a pas été immortalisé par un bon photographe, il tombe complètement dans l'oubli. Une photographie peut le préserver pour ne pas qu'il disparaisse, pour l'Histoire. »

« Un photographe doit toujours anticiper, se préparer et imaginer comment il va prendre la photo. Mais les conditions peuvent toujours changer : l'atmosphère, les opportunités. Il faut donc être flexible et pouvoir visualiser rapidement ce que l'on va faire et comment on va le faire : quel matériel utiliser, comment régler l'éclairage, car les choses ne se passent jamais comme on l'imagine. Il se peut que quelque chose tombe en panne, que vous manquiez de temps pour installer votre éclairage. Il faut toujours prévoir un plan B et être prêt à prendre des décisions rapides. »

Instagram : @aljosarebolj_photographer

Site Internet : aljosarebolj.com