Vous avez photographié des espèces menacées dans le monde entier, des ours aux loups, et même des escargots, mais quelle est celle qui a été la plus difficile à saisir ?
« Chaque sujet présente des difficultés spécifiques. En outre, plus vous gagnez en expérience, plus vos attentes sont grandes, car vous souhaitez relever d'autres défis. Cela dit, je dois avouer que les fennecs n'ont pas été simples à photographier. À la frontière entre l'Algérie et la Tunisie, j'ai été confronté à un environnement hostile, une chaleur intense et des tempêtes de sable. Mon équipement a été exposé au sable fin qui peut s'infiltrer dans les barillets de l'objectif. Par ailleurs, j'avais affaire à un animal très craintif, avec une ouïe incroyable. »
Votre formation scientifique influe-t-elle sur le type de photo que vous prenez ?
« J'aime photographier mes sujets dans leur environnement. Étant biologiste de formation, je souhaite montrer l'habitat de l'animal et son importance pour sa survie. Ma première approche consiste donc à réaliser des plans larges de son environnement avec une composition solide et nette sur l'ensemble de l'image. »
Au-delà de cela, comment décrivez-vous votre style visuel ?
« La lumière est très importante pour moi, car elle apporte de la profondeur à mes images et des contours prononcés à mes sujets. J'aime la simplicité. Pour moi, une image parfaite ne doit pas avoir plus de deux ou trois couleurs. C'est pour cela que j'apprécie le désert ou la neige, car ils offrent des arrière-plans nets et minimalistes. Mais j'aime aussi des choses radicalement opposées, notamment les très gros plans sur les yeux d'un animal, par exemple, les détails du motif dorsal des écailles d'un serpent ou d'un poisson, le pelage d'un mammifère ou l'aile d'un oiseau. »
Comment veillez-vous à ce que votre présence n'ait pas d'incidence sur les lieux dans lesquels vous travaillez ?
« Il est fondamental de bien connaître vos sujets afin de ne pas perturber leur comportement ou de leur nuire de quelque manière que ce soit. Il est indispensable d'effectuer des recherches. Si je dois être sur le terrain pendant un mois, je consacre deux mois à planifier et à réaliser des recherches en amont. La quantité d'informations que vous pouvez obtenir au préalable est incroyable : données émanant des satellites, articles scientifiques, même des photos d'un endroit prises par des amateurs peuvent m'aider. »