Les photos de Fabio Bucciarelli couvrent les moments les plus éprouvants de l'histoire de l'humanité, de l'intensité des combats en Libye, en Syrie et en Ukraine aux effets dévastateurs des inondations au Soudan du Sud et en Italie. Grâce à ses images intenses illustrant des événements internationaux majeurs et leurs conséquences humanitaires, ce photographe italien est devenu l'un des principaux photojournalistes internationaux actuels. Ses photos ont été publiées notamment dans des journaux tels que The New York Times, la Repubblica, Die Zeit, TIME Magazine, Al Jazeera et Le Monde.
Fabio se décrit comme un photojournaliste plutôt que comme un photographe de guerre, car il se soucie également d'illustrer les conséquences de la guerre, en dévoilant toutes les blessures de l'humanité. Il couvre de nombreux affrontements de Gaza à l'Irak, en passant par le Mali et l'Ukraine. Il suit les réfugiés déracinés par la guerre, et de plus en plus, par le changement climatique, au Moyen-Orient, en Afrique, en Amérique et en Europe.
« J'essaie de trouver le juste équilibre entre le photojournalisme et la photographie qui suscite la réflexion, et entre les images qui apportent des réponses et celles qui soulèvent d'autres interrogations », explique Fabio. « Il est essentiel de témoigner des événements, mais il est tout aussi important d'inciter les gens à réfléchir aux conséquences que cela implique. »
DOCUMENTAIRE ET PHOTOJOURNALISME
Fabio Bucciarelli
Lorsque Fabio n'est pas en mission, il vit entre sa ville natale de Turin et la ville côtière de Pineto, dans les Abruzzes, dans le centre de l'Italie. C'est un endroit qui lui est cher. C'est là que se trouve l'ancienne maison de son père, remplie de souvenirs d'enfance, dans laquelle il se « réfugie » lorsqu'il revient des zones de conflit. Mais il n'a pas toujours vécu ainsi. Dans sa jeunesse, il s'intéressait davantage au piano jazz et aux mathématiques qu'à la photographie. Après avoir suivi des études d'ingénierie en télécommunications et obtenu son diplôme avec mention très bien au Politecnico di Torino, il a travaillé à Barcelone. Et c'est là, en Espagne, que Fabio s'est découvert une passion pour la photo.
« J'ai passé beaucoup de temps à me demander ce que je voulais être et à chercher ma place, puis la photographie s'est imposée, » confie-t-il. « Je savais que je voulais créer des images qui me permettraient d'être en phase avec le monde et qui dévoileraient sa véritable nature à moi-même et aux autres. »
Domaines de spécialisation : photojournalisme et photographie documentaire
Équipement de prédilection : Canon EF 24mm f/1.4L II USM
Canon EF 35mm f/1.4L II USM
En rejoignant la scène de la photographie alternative à Barcelone, Fabio a appris à utiliser du matériel analogique et à développer des pellicules. Il a acheté son premier Canon EOS 5D (désormais remplacé par le Canon EOS 5D Mark IV) et participé à des master class de photographie. « Tout était totalement nouveau pour moi », raconte-t-il. « C'est cette année-là que j'ai décidé d'abandonner l'ingénierie et de me lancer dans la photographie professionnelle. »
Lorsqu'en 2009, un puissant séisme a frappé la région des Abruzzes en Italie près de la maison de sa famille, Fabio est retourné dans la région pour couvrir l'événement. Il a envoyé des images aux agences italiennes et a été publié pour la première fois. Il a documenté les conséquences du séisme pendant des mois, et à plusieurs reprises au cours de la décennie suivante. Grâce à ces reportages, il a obtenu un contrat de photographe permanent avec l'agence La Presse/AP, où il a perfectionné ses compétences en journalisme en couvrant des événements d'actualité allant de la politique au sport. Mais au bout de quelques années, il était prêt à aller de l'avant.
« Je n'avais pas abandonné l'ingénierie pour réaliser ce genre de clichés de Berlusconi ou de Messi », déclare Fabio. « Ça ne m'intéressait pas. Après avoir acquis suffisamment d'expérience pour me lancer en tant que photographe indépendant, j'ai donc démissionné. Un journal en Italie a décidé de m'envoyer en Libye avec certains des meilleurs correspondants de guerre, auprès desquels j'ai pu apprendre à me déplacer sur le terrain. »
Le « premier tournant » de la carrière de Fabio fut une photo du leader libyen Mouammar Kadhafi décédé. Après avoir passé plusieurs mois à couvrir la guerre de Benghazi à Tripoli en passant par Syrte, c'est une image saisissante du dictateur déchu qui a attiré l'attention des éditeurs. « C'était mon premier contact avec des éditeurs internationaux, et j'ai ensuite développé cette relation en Syrie », dit-il. Il a ensuite travaillé pour l'AFP en couvrant la bataille d'Alep, outre son activité d'indépendant pour des magazines et des journaux internationaux de premier plan. Autodidacte, sa formation s'est poursuivie sur le terrain, en se familiarisant avec un objectif 35 mm en Libye et 24 mm en Syrie, des distances focales qu'il continue d'utiliser dans sa configuration à deux appareils, en plus des objectifs à focale fixe, avec un Canon EOS R en bandoulière d'un côté et un Canon EOS 5D Mark IV de l'autre.
Après avoir couvert l'épidémie de Covid-19 dans le nord de l'Italie (l'un des premiers épicentres) pour The New York Times, Fabio est revenu à ses racines, la photographie de guerre, en 2022. Toutefois, son style a évolué au fil des ans.
« Mes premières images étaient choquantes, elles vous prenaient aux tripes », explique-t-il. « Bien que je continue à réaliser ce type de clichés, ma photographie a évolué vers une approche plus axée sur l'émotion et les questions qu'elles peuvent soulever, car j'ai découvert que je n'avais pas non plus les réponses. »
Fabio regarde désormais au-delà du front, en effectuant par exemple des reportages sur les enfants traités contre le cancer dans une zone de guerre. « Traditionnellement, mon travail consiste à fournir des preuves, mais il ne s'agit pas de conflits ou de bombardements, mais des conséquences qu'une guerre entraine, de ce qu'elle laisse derrière elle », poursuit-il. « Je m'intéresse actuellement à ce qu'il se passe ensuite. »
Pour quelle raison préférez-vous les objectifs à focale fixe aux zooms ?
« Précisément pour ce que Robert Capa a dit, « Si vos photos ne sont pas assez bonnes, c'est que vous n'êtes pas assez près ». Ce qui compte pour moi, ce n'est pas la distance physique, mais la distance émotionnelle. Vous ne pouvez pas établir de proximité émotionnelle avec un objectif long. Un zoom ne vous incite pas à vous rapprocher des gens, et vous ne réalisez pas des prises de vue à 35 mm, mais vous pouvez le faire à 38 mm ou 42 mm. Cela ne vous permet pas de créer de l'empathie avec les sujets que vous photographiez, et vos yeux n'apprendront jamais à voir à 35 mm. »
Vous avez exposé votre travail dans des endroits incroyables, notamment des églises. Dans quelle mesure est-il important pour vous d'exposer vos photos ?
« Ce que je souhaite avant tout, c'est les partager. Lorsque vous couvrez des conflits et que personne ne voit vos photos, vous vous interrogez sur la raison pour laquelle vous risquez votre vie en étant là. Je suis profondément attaché à présenter des images, à la fois dans les journaux et les magazines, mais également dans des expositions. Que ce soit dans des musées, des galeries ou des lieux facilement accessibles au public, y compris dans la rue, je collabore toujours avec les directeurs artistiques pour organiser mes expositions de manière à favoriser les échanges entre le public et mes images. »
Qu'est-ce qui vous inspire sur le plan visuel et créatif ?
« La photographie est l'art d'utiliser la lumière. En tant que photographes, nous sommes, en quelque sorte, les nouveaux peintres. Par conséquent, si j'ai besoin d'inspiration, je regarde les œuvres du Caravage, de Titien et de nombreux peintres italiens de la Renaissance et de la Haute Renaissance. Je suis plus habitué à regarder des tableaux que des photos, car c'est cette réalité, l'utilisation de la lumière et la construction de l'image qui m'inspirent. Si vous regardez « Les Mangeurs de pommes de terre » de Vincent van Gogh, vous remarquerez une composition parfaite, avec différentes couches et une atmosphère intime créée par la lumière. C'est ça la photographie. »
Comment décidez-vous à quel moment utiliser la couleur par rapport au noir et blanc, comme dans votre projet à long terme sur la crise des réfugiés, intitulé « The Dream » ?
« Je travaille principalement pour des plateformes éditoriales. La majorité de mes productions sont donc en couleur, car leurs publications se font principalement en couleur pour renforcer la sensation de réalité. Mais, lorsque je m'engage sur des projets à long terme ou des documentaires, je choisis volontairement le noir et blanc. J'ai travaillé sur « The Dream » pendant plus de sept ans dans plus de 12 pays, dont la Syrie, la Libye, l'Égypte, l'Irak, l'Italie et la France, en capturant des moments et des atmosphères différents. D'un côté, je réalisais des missions éditoriales en couvrant des conflits, et de l'autre, je documentais les conséquences, à savoir les populations de réfugiés qui arrivaient en Europe. Dans ce cas, le noir et blanc m'a aidé à travailler sur l'histoire à un autre niveau et à unifier mon travail. »
Cherchez-vous à prendre des photos emblématiques ou à construire des récits à travers une série de travaux ?
« Plutôt que de m'attacher à des photos individuelles, je préfère me concentrer sur la narration et les histoires. La manière dont vous éditez vos images est incroyablement importante de nos jours. Imaginez un photographe qui prend 3000 clichés et doit sélectionner les 15 meilleurs. S'il ne dispose d'aucune compétence en matière d'édition, il risque de devenir médiocre. Mais celui qui est en mesure de choisir les meilleures photos peut devenir exceptionnel. J'ai vu de nombreux photographes talentueux qui avaient du mal avec l'édition. Malgré l'importance de leurs récits, ils ont eu moins d'impact et il n'a pas été facile pour eux de trouver des magazines et des plateformes qui présentent leur travail. Je recommande vivement à la jeune génération de perfectionner ses compétences en matière d'édition. Je suis convaincu que la manière dont vous racontez l'histoire est plus cruciale que de capturer une seule image exceptionnelle. Parfois, vous devez « sacrifier » votre meilleure photo pour traduire l'essence de votre récit et de votre reportage. »
Ce que je sais
Fabio Bucciarelli
« Pour créer des histoires captivantes, le temps est essentiel ; c'est la ressource la plus précieuse. De nos jours, il est souvent difficile de produire un photojournalisme exceptionnel sur les plateformes éditoriales, car elles sont fréquemment soumises à des contraintes financières ou à des pressions politiques ou éditoriales. Les photographes ne disposent donc pas du temps nécessaire pour créer une véritable empathie avec leurs sujets. Si vous consacrez un mois à une histoire au lieu d'une semaine, le résultat sera sans aucun doute meilleur. Et si vous deviez consacrer une année à la même histoire, le contenu serait encore plus riche. Le temps est la variable la plus déterminante dans notre profession. »
Facebook : fbuccia
Instagram : @fabio_bucciarelli
Site Web : www.fabiobucciarelli.com
L'équipement de Fabio Bucciarelli
Kit utilisé par la plupart des photographes professionnels
Appareils
Canon EOS R
Fabio associe généralement son EOS R, l'appareil photo plein format hybride novateur doté d'un capteur de 30,3 millions de pixels, à son objectif Canon EF 24mm f/1.4L II USM, à l'aide d'une bague d'adaptation monture EF-EOS R. Il utilise également l'objectif RF 50mm F1.2L USM.
Canon EOS 5D Mark IV
Fabio a débuté sa carrière de photographe avec l'EOS 5D et a évolué avec la série 5D légendaire. Le Canon 5D Mark III était le boîtier principal de Fabio avant qu'il ne passe au Mark IV, ce qui lui a permis de bénéficier d'un plus grand nombre de pixels et de collimateurs AF, ainsi que d'une meilleure connexion. Il l'associe généralement à son objectif Canon EF 35mm f/1.4L II USM.
Objectifs
Canon RF 50mm F1.2L USM
Objectif 50 mm idéal, offrant une netteté et des détails exceptionnels jusqu'au bord du cadre, ainsi que des performances en basse lumière inégalées. « Lorsque je dois réaliser un portrait, j'utilise cet objectif que j'ai toujours dans ma poche, » dit Fabio.
Canon EF 24mm f/1.4L II USM
Cet objectif grand angle de la série L permet à Fabio de capturer des scènes vibrantes et dynamiques sur le terrain, et son ouverture rapide f/1.4 est parfaite pour la prise de vue à main levée en basse lumière. Après s'être familiarisé avec cette distance focale en couvrant la guerre civile en Syrie, Fabio a adopté cet objectif. « À 24 mm, vous pouvez raconter plusieurs histoires dans un même cadre », dit-il à propos du grand angle.
Canon EF 35mm f/1.4L II USM
Cet objectif EF à focale fixe, qui offre une vue grand angle avec une perspective naturelle, est un incontournable pour les photographes de reportage. « Mes yeux voient à 35 mm, même sans appareil photo, car je travaille à 35 mm depuis très longtemps », ajoute Fabio. « Cela m'aide lorsque je veux prendre une photo, car je n'ai pas besoin de visualiser l'angle, je l'ai déjà. »
Accessoires
Bague d'adaptation monture Canon EF-EOS R
Conçue pour être utilisée avec le système Canon EOS R, cette bague d'adaptation permet d'utiliser des objectifs EF et EF-S avec les appareils photo EOS R en toute simplicité.
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