« Ne devenez jamais photojournaliste », conseille Santi Palacios en riant amèrement. « Ce n'est pas une bonne idée, car c'est un travail sans fin. Tout se passe en même temps et vous ne pouvez pas être partout à la fois. »
Il plaisante, bien sûr. Son portfolio étant composé de travaux de photojournalisme extrêmement variés, cela ne fait aucun doute que Santi croit fermement au pouvoir de l'image pour raconter des histoires d'importance mondiale. Né à Madrid en 1985, il exerce en tant que photographe indépendant depuis 2004 et se concentre sur les problèmes liés aux conflits, aux migrations et à l'environnement. Il a notamment couvert la traversée de la mer Égée par des réfugiés, la crise de l'eau en cours à Jakarta, et plus récemment, l'invasion de l'Ukraine.
DOCUMENTAIRE ET PHOTOJOURNALISME
Santi Palacios
Santi travaille actuellement sur un projet relatif aux feux de forêt, et plus particulièrement aux mégafeux qui ravagent des milliers d'hectares. C'est l'une des raisons pour lesquelles il regrette de ne pas pouvoir être partout à la fois. « Vous ne savez jamais quand un feu va commencer », dit-il. « Vous pouvez passer votre temps à attendre. Alors vous passez à autre chose, et c'est à ce moment-là que le feu démarre. »
Ce projet ne s'intéresse pas seulement aux flammes. « Il s'agit de comprendre les causes et conséquences complexes des mégafeux », explique Santi. « Cela signifie que nous racontons des histoires en profondeur et sur le long terme. »
Domaine de spécialisation : photojournalisme, photoreportages, climat
Équipement préféré :Canon EOS 5D Mark IV
Canon EF 24mm f/1.4L II USM
Canon EF 35mm f/1.4L II USM
Canon EF 50mm f/1.2L USM
Canon EF 24-70mm f/2.8L II USM
Canon EF 70-200mm f/2.8L IS II USM (désormais remplacé par le Canon EF 70-200mm f/2.8L IS III USM
Cet accent mis sur une vision à long terme de l'histoire reflète le parcours de Santi jusqu'au photojournalisme, au cours duquel il est passé par la sociologie. « Je souhaite vraiment en apprendre le plus possible sur un sujet », indique-t-il. « Selon moi, vous commencez vraiment à connaître un sujet lorsque vous avez conscience de ce que vous ne savez pas. Pour cela, il est nécessaire de travailler sur des projets à long terme et d'aller en profondeur. »
Santi aime prendre des photos depuis l'âge de 10 ans. « À l'époque, si vous preniez des photos, cela signifiait que vous possédiez un appareil, que vous saviez l'utiliser et que vous étiez intéressé par la photographie », confie-t-il. « Pour ma part, j'adorais cela. » Toutefois, ce n'est que lorsque Santi a commencé ses études de sociologie à l'université Complutense de Madrid qu'il a réalisé qu'il pourrait vivre de la photographie. Dans le cadre de ses études, il était amené à prendre des photos tout en collectant des données. Cet aspect est rapidement devenu le plus intéressant pour lui.
« J'essayais d'améliorer ce que je photographiais, et la façon dont je photographiais », explique-t-il. « J'essayais également d'apprendre comment travailler de façon professionnelle. Puis, je me suis rendu compte que mon travail pouvait avoir plus d'impact au travers de la photographie, du photojournalisme et des documentaires, plutôt que de se résumer à des enquêtes qui resteront dans des bibliothèques et seront lues par très peu de personnes. »
L'engagement de Santi sur le long terme ressort clairement dans l'un des projets dont il est le plus fier : On the Edge, un travail en cours depuis plus de dix ans, dédié aux frontières internationales et aux migrations.
En 2022, vous avez photographié le massacre de Bucha, une ville située au nord-ouest de Kiev, en Ukraine. Pouvez-vous nous parler de cette expérience ?
« Les soldats venaient de partir lorsque je suis arrivé. Plus de 500 personnes ont été tuées pendant l'occupation. Il y avait des cadavres dans les rues, à l'intérieur des voitures, dans les jardins, les maisons. C'était très difficile à voir et à photographier. »
Vouloir assimiler les événements dans un contexte en évolution extrêmement rapide et qui n'en laisse pas le temps, cela doit être compliqué pour quelqu'un comme vous avec une approche sociologique.
« En effet, il y a là une contradiction. Les personnes s'intéressent davantage aux événements lorsqu'ils viennent de se produire. Les faits d'actualité attirent l'attention. Lorsque vous prenez le temps nécessaire pour connaître et comprendre les détails, vous perdez une partie de cette attention. »
Vous êtes également rédacteur en chef pour Sonda Internacional, un organisme de presse à but non lucratif axé sur le climat. Votre mission consiste-t-elle en partie à conserver la crise climatique au cœur du dialogue mondial ?
« C'est l'un des objectifs. Mais le but principal est de produire un journalisme visuel à propos de la crise climatique. Nous avons décidé de fonder Sonda, car nous estimons que nous ne constatons pas les conséquences de cette crise de manière visuelle. Nous lisons des études scientifiques, nous avons accès à de nombreuses informations chaque jour, mais s'agissant d'un problème graduel, il est difficile d'en voir les conséquences. Tel est notre défi : créer des visuels percutants sur la crise climatique. »
La plupart de vos photographies sont extrêmement percutantes. Cela doit laisser des traces. Comment gérez-vous cela mentalement ?
« Je me dis que ce que je fais en vaut la peine, que l'histoire sur laquelle je travaille est utile. Je souffrirais beaucoup plus si j'étais un spectateur passif en train de regarder un événement sans ne rien pouvoir faire. Cela m'aide de me dire que ce que je fais a du sens. »
Ce que je sais
Santi Palacios
« Travailler à l'international implique de parler plusieurs langues. Je parle anglais et espagnol, et je peux me débrouiller en catalan et en français. Je me suis parfois senti idiot en travaillant dans des lieux où je ne comprenais pas la langue. Si vous vous retrouvez dans une situation dans laquelle vous avez besoin d'un fixeur [une personne embauchée par un journaliste lorsqu'il travaille dans des endroits inconnus] pour tout, alors votre travail n'est rien comparé à ce que vous pouvez obtenir dans des endroits où vous pouvez vous débrouiller par vous-même. Je vous conseille donc d'apprendre autant de langues que possible. »
Instagram :@santipalacios
Twitter :@santipalacios
Site Web :www.santipalacios.com
L'équipement de Santi Palacios
Kit utilisé par la plupart des photographes professionnels
Appareil
Canon EOS 5D Mark IV
Auparavant, Santi réalisait ses prises de vue à l'aide du Canon EOS 5D Mark III, mais il utilise désormais son successeur. « Je possède deux appareils photo Canon EOS 5D Mark IV », indique-t-il. « Je travaille avec eux, car j'aime beaucoup les objectifs à focale fixe 24mm, 35mm et 50mm. »
Objectifs
Canon EF 24mm f/1.4L II USM
L'objectif à focale fixe le plus large parmi le trio gagnant de Santi, le Canon EF 24mm f/1.4L II USM, offre une large ouverture maximale de f/1,4 qui lui permet de continuer à réaliser des prises de vue à main levée lorsque la luminosité diminue. Un avantage essentiel, car il n'a généralement pas le temps d'installer un trépied. « Je dois être très léger », explique-t-il. « J'ai besoin d'une configuration d'appareil photo et d'objectif peu encombrante et accessible afin de pouvoir me déplacer facilement. »
Canon EF 35mm f/1.4L II USM
Le Canon EF 35mm f/1.4L II USM est un objectif de reportage prisé, qui offre une perspective plus naturelle. Santi décrit ces objectifs à focale fixe comme étant « lumineux » en raison de leur capacité à capter la lumière lorsque cela est nécessaire.
Canon EF 50mm f/1.2L USM
Lorsque les niveaux de lumière sont faibles, le Canon EF 50mm f/1.2L USM peut être très utile. Santi apprécie particulièrement cet objectif à l'aube et au crépuscule, ses moments privilégiés pour réaliser des prises de vue. « J'adore travailler durant les premières et les dernières heures de luminosité », indique-t-il. « Bien entendu, je photographie tout au long de la journée si quelque chose se passe, mais si je peux me le permettre, je choisis toujours de travailler aux extrêmes en matière de lumière. »
Canon EF 24-70mm f/2.8L II USM
Pour Santi, le zoom standard Canon EF 24-70mm f/2.8L II USM est idéal lorsqu'il recherche de la polyvalence. « L'EF 24-70mm est un objectif incroyable », confie Santi. « Il est très polyvalent. Je travaille souvent dans le cadre d'opérations de sauvetage, au cours desquelles je ne peux pas choisir où me placer et où le désordre règne. Dans ces situations, j'utilise le 24-70mm si c'est en journée. »
Canon EF 70-200mm f/2.8L IS II USM
Ce téléobjectif offre une ouverture maximale constante et garantit une qualité d'image exceptionnelle, même lorsqu'il est poussé aux limites de sa portée, ce qui le rend utile pour des situations dans lesquelles Santi ne peut pas trop s'approcher d'un sujet.
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