« Je pense que la manière dont vous créez des liens avec les autres est un reflet de votre identité, elle fait partie intégrante de ce que vous êtes et se manifeste inévitablement dans votre travail pendant que vous découvrez le monde à travers votre propre regard, votre objectif personnel », explique l'ambassadrice Canon Tanya Aizikovich. « Mon objectif est de filmer de belles histoires captivantes et d'entreprendre des projets qui laissent une trace indélébile et touchent profondément le spectateur. »
Directrice de la photographie et réalisatrice de documentaires, Tanya a passé les vingt dernières années à travailler en tant que directrice de la photographie au sein de petites équipes, mais également de grosses productions, pour des films et des séries télévisées réalisés par des cinéastes primés. Basée à Tel-Aviv, en Israël, elle a eu la chance de voyager dans le monde entier grâce son travail, qui a été diffusé sur des chaînes internationales telles que VICE, HBO, ARTE, Sky Arts, ORF ou encore CBC.
Tanya Aizikovich
« La narration visuelle est devenue ma passion », confie Tanya. « Ce qui me plaît le plus, c'est de montrer le monde tel que je le vois, de construire et de définir chaque récit et ses personnages par le biais d'un langage cinématographique propre à chaque projet spécifique. »
Née en Moldavie, en ex-Union soviétique, Tanya a immigré avec sa famille en Israël à l'âge de 10 ans. Son père, photographe amateur passionné, réalisait des clichés de famille qu'il développait dans sa chambre noire. Tanya a reçu son premier appareil photo au début de son adolescence. « La photographie me plaisait beaucoup mais pour être honnête, je n'imaginais pas en faire ma profession », se souvient-elle en riant. « À l'époque, je rêvais d'avoir un métier "digne de ce nom", au minimum de devenir médecin. »
Domaines de spécialité : direction de la photographie, réalisation cinématographique
Équipement de prédilection : Canon EOS C300 Mark III
CN-E35mm T1.5 FP X
CN-E50mm T1.3 FP X
Admise à la prestigieuse École des beaux-arts Bezalel de Jérusalem, Tanya étudie la photographie et poursuit sa passion malgré ses inquiétudes initiales. Elle rejoint le département associant photographie et vidéo, et commence à s'orienter vers la capture de photos en mouvement. « Ce processus me semblait tout à fait naturel », se remémore-t-elle. « Je suis entrée à l'école pour étudier la photographie, avant de tomber sous le charme de la réalisation de documentaires. »
Encore étudiante pendant la deuxième intifada, Tanya se décrit comme plutôt active politiquement, une facette que l'on retrouve dans les projets artistiques qu'elle a réalisés jusqu'à présent. « J'étais, et je suis toujours profondément investie dans les questions relatives à l'identité et aux droits de l'homme », poursuit-elle. « Je passais beaucoup de temps à documenter les cruelles réalités de l'occupation, notamment les démolitions de maisons, les expulsions ou encore les points de contrôle. C'est à ce tournant de ma carrière que j'ai réalisé que j'étais avant tout intéressée par les êtres humains et que je souhaitais raconter leurs histoires. »
Déterminée à approfondir ses connaissances en réalisation, Tanya choisit de suivre un Master en Beaux-Arts dans la filière Cinéma et audiovisuel de l'université de Tel-Aviv. C'est pendant cette période qu'elle croise le chemin de l'un de ses professeurs à l'université, Judd Ne'eman, réalisateur récompensé en Israël, aujourd'hui décédé. Impressionné par son travail, il lui propose le rôle de directrice de la photographie sur son prochain film.
« J'étais enchantée de travailler avec lui. Je me sentais privilégiée de travailler avec un réalisateur ayant remporté autant de prix, et plus important encore, avec une personne aussi remarquable », se souvient Tanya. « Je ne réalisais pas encore l'ampleur de l'opportunité qu'il m'avait offerte. Il a pris un risque conséquent en croyant profondément en moi, en me donnant vraiment ma chance. » En plus de l'expertise et de la confiance gagnées, cette expérience lui a permis d'accéder à nouvelles opportunités et de nouveaux réseaux. Son travail lui a ensuite permis de rencontrer le réalisateur primé Yoav Shamir, avec lequel elle a entamé une collaboration à long terme en tant que partenaires créatifs, travaillant sur des documentaires au cours des 15 dernières années.
« Lorsque j'étais enfant, je rêvais d'avoir un métier qui me permette de voyager », se souvient Tanya. Son travail l'a depuis conduite de la République démocratique du Congo à la Russie, en passant par la France, le Mexique, les Philippines ou encore les États-Unis. En plus de communiquer à travers les séquences qu'elle filme, Tanya parle couramment le russe, l'hébreu et l'anglais, possède des notions avancées en arabe et des notions de base en espagnol et en français.
Au cours des dernières années, elle a réalisé « Refuge » (2019), un documentaire qui relate la vie quotidienne des femmes vivant dans des refuges pour les victimes de violence domestique, « Late Bloomers » (2021), une série documentaire décryptant le quotidien d'un groupe de retraités et leurs visions spécifiques de la vie, et « Why Like This? with Professor Dan Ariely » (2022), une série traitant de la prise de décision à l'aide d'outils scientifiques. Dans le cadre de son film « Raël le prophète et les aliens » (2020), Tanya a filmé Raël, fondateur et dirigeant de la plus importante religion ufologique au monde, ainsi que ses fidèles, qui pensent qu'il a été désigné comme le « dernier prophète » après sa rencontre avec des extraterrestres. Elle a également réalisé « The Elected » (2022), une série télévisée israélienne ayant pour thème le rôle des femmes en politique.
En 2023, Tanya remporte une nomination dans la catégorie Meilleure cinéaste des Ophirs du cinéma en Israël pour son travail exceptionnel dans trois séries télévisées, diffusées à la télévision israélienne, soulignant encore davantage son talent à illustrer visuellement des histoires captivantes et différents récits.
« Les valeurs qui me motivent en tant que personne créative sont probablement les mêmes que celles qui me stimulent en tant qu'être humain », confie Tanya. « Notre corps de métier s'articule autour des valeurs humaines les plus fondamentales : l'empathie et la compassion. »
Dans quelle mesure pensez-vous qu'il soit important d'établir un lien avec vos sujets lorsque vous réalisez un film ?
« Cette étape est essentielle à mes yeux. J'ai entamé ma carrière de directrice de la photographie par de la photographie statique, inspirée par Henri Cartier-Bresson. Ses mots "Photographier c'est mettre sur la même ligne de mire la tête, l'œil et le cœur" continuent de résonner en moi. Pour établir un lien avec ses sujets, il faut d'une part comprendre leurs point de vue, mais également créer un espace au sein duquel ils peuvent ressentir des émotions, être vus et entendus. Cet alignement de la tête, de l'œil et du cœur nous rappelle que l'art de la cinématographie dépasse le domaine visuel : il engage nos émotions lorsque nous plongeons au cœur de l'univers de notre sujet. Selon moi, cet engagement continu en termes d'empathie et de connexion n'est pas seulement une technique, il fait partie intégrante de l'art cinématographique (et de toute l'expérience humaine) qui fait vivre chaque cliché et chaque récit. »
En plus d'être derrière la caméra, vous réalisez et produisez également des œuvres. Pouvez-vous nous parler d'un film que vous avez réalisé ?
« La première du premier film que j'ai réalisé, "Vétérans", a été présentée lors du Festival du film de Jérusalem en 2013. Ce film relate l'histoire des vétérans de la Seconde Guerre mondiale, qui ont débuté comme soldats dans l'Armée rouge et sont devenus des immigrants déracinés, se battant pour avoir une place au sein de la société. Ces soldats de l'Armée soviétique, qui ont vécu la guerre la plus sanglante du 20e siècle, ont immigré en Israël après l'effondrement de l'Union Soviétique et se sont retrouvés au sein d'une société totalement indifférente à leur passé glorieux. Ce film explore les thèmes de l'immigration, de l'héroïsme et de la vieillesse, offrant un portrait intime d'individus qui se perçoivent encore comme des héros, mais dont l'importance est remise en cause dans une société qui valorise d'autres formes d'héroïsme. Il relate également le retour de ces soldats sur les lieux où ils se sont battus, mettant en lumière la tension entre leurs souvenirs et la réalité du moment présent. »
Quel est l'un des aspects les plus gratifiants de votre travail ?
« J'apprécie énormément les nouveaux univers – sociaux, visuels et textuels – que mon travail en tant que directrice de la photographie me permet d'explorer, ainsi que les précieuses connexions humaines qu'il m'apporte. Par exemple, j'ai tourné un film appelé "Raël le prophète et les aliens", qui raconte l'histoire d'un homme connu pour avoir rencontré des extraterrestres 50 ans auparavant, qui l'ont désigné comme le "dernier prophète". Si je ne faisais pas ce travail, aurais-je la chance de pouvoir croiser des "prophètes" dans ma vie quotidienne ? Nous avons filmé des historiens et des érudits religieux, voyagé au Burkina Faso et rencontré une communauté d'individus incroyables qui vivent sur place et croient en ce même prophète. Mais notre aventure ne s'est pas arrêtée là : nous avons également voyagé au Japon, au Canada, au Mexique, à Taïwan et dans bien d'autres pays. Grâce à un seul film, j'ai eu la chance de rencontrer de nombreuses personnes unies par un thème commun, chacun offrant des points de vue, des idées et des histoires de vie différentes. Au-delà du plaisir de voyager, j'ai eu l'opportunité de discuter avec des personnes issues de milieux divers, des rencontres qui m'ont chacune permis d'apprendre et de me perfectionner. Je me considère extrêmement chanceuse de vivre des moments aussi riches grâce à mon travail. »
Avez-vous déjà subi une forme de discrimination en tant que femme dans un milieu et un rôle dominés par des hommes ?
« J'ai grandi au sein d'une famille qui valorisait l'égalité. Ma mère, économiste, est une femme d'une force incroyable. Mon père est ingénieur aéronautique. Mes deux parents m'apportent beaucoup de soutien et d'encouragement. Pendant mon enfance, je n'ai jamais connu la notion de rôles réservés aux hommes ou aux femmes. Depuis mes années de maternelle, mon père et moi avions pour loisir de démonter et de remonter des radios, et même de les souder. Je n'ai jamais eu peur des tâches techniques, ni d'être dictée par la notion de genre sur ce que je pouvais réaliser ou non. Lorsque je repense à mon parcours, je reconnais le privilège d'avoir reçu cette éducation, et la chance d'établir, dès le début de ma carrière, des liens importants avec des personnes remarquables qui valorisaient réellement mes compétences. En tant que directrice de la photographie, j'ai été tardivement confrontée à la véritable notion de disparité entre les sexes ou à des réflexions du type "Tu peux vraiment faire ça en tant que femme ?", "Laisse-moi te montrer comment faire..." ou "C'est le salaire que je proposerais à un bon photographe masculin, c'est vraiment ce que tu demandes ?". Des réflexions qui me donnent le sentiment de devoir mettre au défi mes compétences en fonction de mon genre et non de mon mérite. Le combat contre les discriminations sexistes est perpétuel, mais je crois en un avenir où le talent et le mérite triompheront sur les préjugés et c'est ce qui me permet de garder ma motivation. J'évolue dans un milieu où les individus sont jugés en fonction de leurs compétences et de leurs contributions, plutôt que sur des notions préconçues liées au genre. »
Dans quelle mesure vos expériences personnelles ont-elles façonné votre façon de réaliser des films ?
« Ce sont les expériences de vie qui font de nous ce que nous sommes. Ayant grandi dans un pays avant de déménager dans un autre en étant encore enfant, je ne me sentais clairement pas à ma place. Lorsque nous avons emménagé à Tel-Aviv, il y avait peu d'immigrants parlant le russe dans notre quartier, et je me suis retrouvée à l'école élémentaire sans savoir parler la langue et sans repère familier. D'un côté, j'emménageais dans un endroit où les gens étaient sympathiques et ouverts d'esprit, de l'autre, je ressentais un profond sentiment de différence, étant étrangère, complètement "autre". Je pense que cette expérience a profondément influencé la personne que je suis devenue ainsi que la façon dont je réalise mes films, en établissant un lien avec mes sujets au niveau des yeux, quel que soit l'endroit où je me trouve. Cette méthode n'est pas une décision consciente, elle fait partie intégrante de la personne que je suis devenue. »
Ce que je sais
Tanya Aizikovich
« Je développe souvent une certaine forme d'affection pour les personnes que je filme, même s'il s'agit d'un sentiment temporaire. Je pense que ce lien émotionnel m'aide à mieux les comprendre et à dépeindre plus efficacement leur nature profonde à l'écran. Même s'il m'arrive de filmer des personnes avec lesquelles je n'ai pas d'affinité particulière, je m'efforce toujours de trouver quelque chose de plaisant chez eux, ne serait-ce qu'un court instant. »
Facebook : @tanya.aizikovich
Instagram : @tanya.aizikovich
Site Web : www.tanyaaizikovich.com
Équipement de Tanya Aizikovich
Kit utilisé par la plupart des photographes professionnels
Appareils
Canon EOS C300 Mark III
Dotée du système Cinema EOS, d'un mode ralenti 120p, d'une plage dynamique étendue et de l'autofocus CMOS Dual Pixel, la caméra 4K Super 35 mm polyvalente est l'équipement de prédilection de Tanya. « C'est vraiment ma caméra favorite, en particulier pour les projets que je réalise en solo. Grâce à son ergonomie exceptionnelle, son capteur DGO et la colorimétrie de Canon, elle me permet de travailler indépendamment tout en garantissant une qualité cinématographique inégalée. »
Canon EOS C70
Équipée d'un capteur DGO Super 35 mm 4K de Canon, cette caméra à monture RF est la seconde unité parfaite pour la Canon EOS C300 Mark III de Tanya. « J'ai filmé une série télévisée avec ces deux caméras et je pense être la seule à pouvoir dire précisément ce que j'ai filmé avec chacune d'entre elles », explique-t-elle. « Elles permettent de monter des séquences parfaites. »
Objectifs
Canon RF 16mm F2.8 STM
Une ouverture d'objectif rapide de f/2,8, offrant un bokeh et des reliefs fluides et doux. « J'aime vraiment choisir mes objectifs en fonction du projet et du sujet sur lesquels je travaille », confie Tanya. « Si je veux filmer mon sujet de façon très intime, je travaille avec des objectifs plus larges. »
Canon RF 24-70mm F2.8L IS USM
Le RF 24-70mm est doté d'une ouverture rapide et d'un système de stabilisation de l'image, ainsi que d'un moteur Nano USM pour une mise au point silencieuse. « Dans certaines situations, je n'ai ni le temps ni la possibilité de changer d'objectif rapidement », explique Tanya. « L'objectif 24-70mm vous aide à raconter votre histoire avec des détails et une clarté exceptionnels, quel que soit le contexte. »
Canon RF 50mm F1.8 STM
Doté d'une ouverture rapide de f/1,8, cet objectif petit et léger est idéal pour travailler en basse lumière et pour les profondeurs de champ créatives. « J'ai toujours été une grande fan de la distance focale de 50 mm et cet objectif est un excellent choix pour une solution compacte », explique Tanya.
Canon EF 70-200mm f/2.8L IS III USM
Pour filmer des interviews, Tanya a souvent utilisé ce téléobjectif à ouverture rapide qui est conçu pour offrir des performances optimales dans les conditions les plus difficiles.
Accessoires
Bague d'adaptation monture Canon EF-EOS R
Cet accessoire incontournable, qui permet d'utiliser des objectifs à monture EF sur les appareils dotés du système Canon EOS R, offre des performances et des fonctionnalités fluides.
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