Percer dans le secteur du photojournalisme : des professionnels donnent leurs conseils

Le photojournalisme joue un rôle important, car il nous aide à comprendre un monde moderne en perpétuelle évolution et est à l'origine de certaines des images parmi les plus marquantes et mémorables.

Devenir photographe peut toutefois être difficile. La concurrence est rude et les opportunités de rémunération sont moindres en raison du déclin des médias traditionnels et de la diminution des budgets éditoriaux. Il est important que les nouveaux photographes comprennent les réalités du métier, et apprennent à démarquer leurs images et à se vendre en tant que photographes.

Il est également essentiel de raconter des histoires qui vous tiennent personnellement à cœur, souligne le grand photojournaliste Mads Nissen, qui a donné une conférence aux étudiants du Programme Étudiant Canon 2023 : « J'essaie systématiquement de me rappeler ma raison d'être dans ce monde. Qu'est-ce que je veux faire ? Qu'est-ce qui est important pour moi ? Et quelles sont mes convictions ? »

Nous avons demandé à Mads et à d'autres photographes de renom qui ont été mentors du Programme Étudiant Canon de proposer des conseils et astuces pour percer dans le photojournalisme et réussir dans ce domaine.

« Vous devez être curieux », explique Francis Kohn, ancien photojournaliste et directeur de la photographie de l'Agence France-Presse. « Vous voulez transmettre quelque chose, c'est votre travail, mais vous devez être curieux, et la curiosité est une expérience d'apprentissage. Curiosité et ouverture d'esprit sont les ingrédients d'un article à succès et d'une meilleure compréhension de vous-même en tant que photographe. »

Étendre votre réseau de contacts peut vous permettre d'élargir vos perspectives et de trouver de nouvelles sources d'inspiration pour vos histoires. « De très nombreux jeunes photographes s'installent dans une ville comme New York et ne fréquentent que d'autres photographes, ce qui limite leur vision du monde », explique Laura Morton, lauréate du prix Canon de la femme photojournaliste en 2018. « J'ai commencé [mon projet] Wild West Tech parce que j'échangeais avec des créateurs de start-ups et que j'ai réalisé que cette histoire n'était pas évoquée dans le contexte du boom technologique. »

Il est indéniable que ce métier peut être difficile et que, parfois, la seule manière de réussir consiste à prendre les choses en main.

« Avoir une capacité naturelle à mettre les gens à l'aise et être calme dans votre approche, sans jamais brusquer, vous ouvrira des portes », affirme le correspondant de guerre Ivor Prickett. « Je suis arrivé là où j'en suis aujourd'hui en adoptant une approche douce pour photographier les personnes, car ce n'est pas une demande anodine. »

« Je n'étais pas la personne la plus talentueuse de ma classe sur le plan technique », confie Ivor. « J'étais probablement au bas de l'échelle, mais on m'a dit que je pouvais apprendre. Votre capacité naturelle, vos compétences interpersonnelles et votre éthique professionnelle ne sont pas des choses que vous pouvez développer si facilement. L'aspect technique des choses est plus facile à maîtriser. Mais cela prend du temps et c'est vraiment important pour prendre rapidement des décisions et faire du bon travail sur le terrain. »

Cela ne veut pas dire pour autant suivre les tendances technologiques de manière aveugle. La qualité de votre travail ne dépend pas nécessairement de la modernité de l'appareil photo que vous utilisez. « Il y a toujours de nouveaux modèles plus performants », dit Angela. « Travaillez avec ceux dont vous disposez, maîtrisez-les et vous serez en mesure de réaliser un excellent travail. »

Une carrière dans la photographie peut évoluer dans différentes directions. Mads recommande d'explorer différentes choses au début et de ne pas s'enfermer dans une seule vision. « Si vous commencez tout juste, vous êtes encore en phase d'apprentissage. Profitez-en pour vous amuser. Faites des choses qui ont du sens pour vous. »

Faire du bénévolat au sein d'organismes qui vous intéressent peut contribuer de manière significative à votre évolution. « Le bénévolat peut ouvrir de nombreuses portes », explique Angela. « J'ai eu l'opportunité de faire du bénévolat au Madsoc Theatre à Lilongwe, au Malawi, en tant que photographe et vidéaste. C'est là que j'ai rencontré des gens qui m'ont par la suite confié des missions rémunérées. Je dispose d'un réseau solide que j'ai développé grâce à cette expérience. »

La photojournaliste néerlandaise et ambassadrice Canon Ilvy Njiokiktjien a quelques conseils pratiques à ce sujet. « Entraînez-vous tous les jours », recommande-t-elle. « Allez à des festivals de photos. Faites des stages. Essayez de trouver un mentor. Contactez des éditeurs avant les festivals pour savoir s'ils réalisent des évaluations de portfolios, ou inscrivez-vous à une évaluation de portfolio. Toutes ces approches vous permettront de mettre un pied dans ce secteur. Au final, tout repose sur les relations que vous établissez avec ceux qui vont publier votre travail. »

Vous pouvez promouvoir votre travail de plusieurs manières. Les réseaux sociaux sont, naturellement, l'une d'entre elles. « C'est un support très précieux si vous ne disposez pas d'un site Web », souligne Angela. « J'ai également constaté que le fait d'être membre de la Base de données du photojournalisme africain (APJD), une initiative de la World Press Photo Foundation, est très utile pour promouvoir votre travail. Le travail des membres est présenté en ligne et la plateforme compte des millions d'abonnés. »

Ilvy est convaincue que la présentation est cruciale pour susciter l'intérêt des éditeurs. « Demandez à d'autres photographes comment ils s'y prennent et interrogez les éditeurs pour connaître leurs préférences en termes de présentation des histoires », dit-elle. « Si vous savez présenter une histoire de manière convaincante, vous serez en mesure de faire de la photographie votre métier. »

Ivor encourage les photojournalistes en herbe à se concentrer avant tout sur le travail et à adopter une approche sélective dans leurs relations. « Le développement d'un réseau est une partie importante du métier de photographe indépendant, mais au fond, c'est secondaire par rapport à un travail individuel de qualité », dit-il. « Ciblez les gens pour lesquels vous voulez vraiment travailler et concentrez-vous sur certains magazines, journaux et institutions, parce que chaque média ou organisation ne convient pas nécessairement à tout le monde. Nous avons tous notre style et notre spécialité, alors déterminez où vous vous situez et lancez-vous sur cette voie. »