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Aliments qui tombent et plats remplis de mousse : les réalités invisibles de la photographie culinaire professionnelle

La photographe culinaire Yasmin Albatoul révèle les détails qui entrent dans la composition de ses images appétissantes, son processus créatif et les secrets de fabrication qui l'aident à obtenir des résultats aussi exceptionnels.
Des mandarines disposées sur une planche à découper et un plateau sur une table en bois foncé ; l'une d'entre elles est épluchée et ses segments sont étalés.

L'ambassadrice Canon Yasmin Albatoul déclare que cette photo qui lui a permis de gagner le Prix international de la photographie culinaire Foodelia en 2020 est également l'une de ses photos préférées. « Je ne suis pas une adepte des mandarines mais je voulais m'assurer que toute personne voyant cette photo soit tentée d'en manger une », indique-t-elle. « L'atmosphère sombre apporte un aspect chaleureux, ce qui me rappelle les soirs d'hiver à manger des mandarines, une coutume algérienne. » Photo prise avec un Canon EOS 5D Mark IV équipé d'un objectif Canon EF 50mm f/1.8 STM à 1/200 s, f/7,1 et ISO 100. © Yasmin Albatoul

La photographe culinaire Yasmin Albatoul associe des images naturelles avec des éléments surréalistes pour transformer des scènes de cuisines quotidiennes en œuvres d'art. Ses images, qui représentent souvent des aliments en train d'être préparés ou versés, voire même flottant dans les airs, offrent une légèreté qui camoufle les efforts minutieux apportés à chaque détail.

Depuis qu'elle a obtenu un diplôme de photographie professionnelle en 2017, Yasmin, encouragée par sa communauté grandissante sur Instagram, a transformé sa passion en une carrière couronnée de succès, en gagnant des prix et en collaborant avec des marques internationales. Elle travaille actuellement depuis son propre studio, la cuisine de son domicile à Batna, en Algérie. Elle explique ici le travail qui l'amène à créer ses images incroyables et donne un avis averti sur la façon dont trouver le chemin du succès dans un secteur si concurrentiel.

Que doit faire un photographe culinaire pour être remarqué en premier lieu ?

« Les photographes culinaires doivent montrer leur humeur et leur vision, plutôt que de seulement présenter des produits. Ils doivent rester informés des tendances actuelles mais doivent les utiliser pour influencer leur style plutôt que les copier. Les tendances doivent uniquement servir de guide pour le processus créatif. Les photos doivent également exprimer la personnalité du photographe et être uniques en leur genre. Parfois, les gens reconnaissent une de mes photos, même si mon nom n'est pas écrit. Cette singularité marque la différence entre une photo ordinaire et une photo qui se démarque vraiment et c'est ce que les connaisseurs et les clients préfèrent. »

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Comment réussir à se démarquer dans un secteur si concurrentiel ?

« J'essaye de ne pas me limiter à un style figé, j'aime fusionner des techniques issues de différents genres. Je traite mes sujets comme des mannequins : je positionne le produit principal comme élément central et j'effectue des essais de prise de vue pour s'assurer que les réglages et le rendu sont corrects, en ajoutant progressivement des éléments décoratifs de la même façon qu'un photographe de portrait ajoute des accessoires. J'utilise des huiles synthétiques pour rendre les aliments brillants et pour mettre en valeur les éléments d'un plat que je veux faire ressortir, de la même manière qu'un photographe de portrait attire l'attention sur différentes parties du visage.

N'oubliez pas que les résultats doivent être à couper le souffle. Vous devez repousser les limites et créer quelque chose de spectaculaire. Mon effet d'aliments flottant dans les airs ajoute une touche personnelle dynamique. Je superpose plusieurs images en post-production pour donner l'impression qu'il ne s'agit que d'une seule photo. Pour s'assurer qu'elles sont identiques, j'utilise la mise au point manuelle plutôt que l'autofocus puisque j'ai besoin que la mise au point reste au même endroit sur toutes les photos.

Après avoir défini la mise au point, j'utilise le retardateur de mon Canon EOS 5D Mark IV ou de mon Canon EOS R, programmé entre cinq et dix secondes. J'appuie sur le déclenchement de l'obturateur et j'ai juste assez de temps pour faire tomber les aliments et les photographier dans leur chute. Je répète cet exercice pour chaque élément que je fais tomber, souvent sur plusieurs prises, avant de superposer les images dans Adobe® Photoshop® CC.

« L'application Canon Camera Connect est utile lorsque le retardateur est utilisé pour photographier des objets dans les airs : je connecte mon téléphone à l'appareil photo et dès que je touche l'écran, le minuteur démarre à distance, ce qui me laisse les mains libres pour faire tomber les aliments. »

Des morceaux de sucre, des cuillères à miel et des sachets de thés suspendus au-dessus de deux tasses de thé ; des éclaboussures de liquides sont figées dans le mouvement au-dessus du rebord des tasses.

Cette image a gagné le premier prix dans un concours #HomeCaptured du Festival international de la photographie XPOSURE en avril 2020. Il associe plusieurs des marques de fabrique de Yasmin : une composition naturelle mais sophistiquée, des éléments qui tombent, des couleurs éclatantes et le mouvement capturé en arrêt sur image. « Environ cinq heures ont été nécessaires pour prendre cette photo », affirme Yasmin. Photo prise avec un Canon EOS 600D (désormais remplacé par le Canon EOS 850D) équipé d'un objectif Canon EF 50mm f/1.8.STM à 1/160 s, f/4 et ISO 400. © Yasmin Albatoul

Un saupoudrage de sucre glace suspendu dans les airs au-dessus de desserts à la grenade cuits dans des ramequins.

Yasmin travaille avec deux flashs Canon Speedlite installés sur des trépieds et utilise l'application Canon Camera Connect pour activer l'obturateur de l'appareil photo afin d'avoir une main libre pour saupoudrer les objets qui tombent comme avec le sucre glace sur cette photo. Photo prise avec un Canon EOS 5D Mark IV équipé d'un objectif Canon EF 100 mm f/2.8L Macro IS USM à 1/100 s, f/4 et ISO 100. © Yasmin Albatoul

Existe-t-il des astuces utilisées dans la photographie culinaire professionnelle que les novices pourraient ne pas connaître ?

« J'applique de l'huile sur les fruits et les légumes pour rendre les couleurs plus éclatantes. Cela permet de donner un aspect de fraîcheur aux aliments, comme s'ils venaient de sortir du réfrigérateur ou du four. Je remplace les jus par des liquides épais tels que du lait ou de la crème, mélangés avec des colorants alimentaires. Les gouttelettes de jus seraient transparentes sur la photo alors que l'utilisation de liquides épais garantit un rendu des couleurs suffisamment opaque.

J'utilise de vrais ingrédients sur toutes mes photos, alors pour éviter de gâcher les aliments, je ne remplis jamais mes plats. Lorsque je réalise une assiette de spaghetti, par exemple, je remplis le fond du plat avec de la mousse pour donner l'impression qu'il est rempli. »

Comment une mission débute-t-elle pour vous ?

« Le premier contact est souvent établi par email ou Instagram. Nous discutons des besoins du client et je lui donne une idée de mes tarifs. Nous échangeons toujours sur les objectifs plus larges de l'entreprise car je dois comprendre la stratégie marketing et l'identité de la marque. Les clients me laissent généralement le contrôle sur la création, ils n'interviennent que très rarement. Je dessine ensuite l'image finale, en réalisant un croquis ou un griffonnage de ce que je souhaite créer.

Une fois le produit reçu, je me familiarise avec ses ingrédients ou son utilisation. Je vérifie ensuite les précédentes photos du même produit ou d'un produit similaire. Bien que le résultat final doive être unique, je m'autorise à trouver l'inspiration dans ce qui existe déjà. Si le produit est un aliment, je cherche des recettes. Généralement, les photographes culinaires ne préparent pas les aliments eux-mêmes : des stylistes conçoivent le décor et un cuisinier prépare le plat. Cependant, il n'y a pas beaucoup de spécialistes dans ces domaines en Algérie, alors le photographe fait tout. J'évite les recettes trop compliquées, afin de ne pas perdre trop de temps.

Le jour précédent la séance photo, j'achète les ingrédients et je choisis les accessoires. La dernière étape est de choisir la couleur d'arrière-plan. J'utilise toujours des arrière-plans qui mettent en valeur l'élément central : des couleurs contrastées, par exemple, pour attirer l'œil et accentuer les détails les plus fins. Je photographie chaque élément séparément pour voir leur rendu sur l'appareil photo et s'ils se complètent. Ces photos constituent ma base de référence, elles suggèrent les résultats auxquels je peux m'attendre. Je peux ensuite faire des ajustements, enlever des objets ou modifier l'arrière-plan si nécessaire. »

Un grand verre rempli d'une boisson glacée colorée et décoré avec de la menthe.

Yasmin adore expérimenter avec des couleurs et des accessoires. Le rose éclatant de cette boisson est complété par un brin de menthe, du feuillage et des bocaux verts, le tout devant un arrière-plan neutre. Photo prise avec un Canon EOS R équipé d'un objectif Canon RF 24-105mm F4L IS USM à 56 mm, 1/200 s, f/5.6 et ISO 100. © Yasmin Albatoul

Des spaghettis roses tombant dans une casserole suspendue au-dessus d'un comptoir, devant un arrière-plan noir et encadré par un feuillage vert vif.

Yasmin a utilisé des betteraves pour colorer ses spaghettis d'une teinte rose éclatante et a utilisé un arrière-plan noir pour contraster et un feuillage vert vif pour faire ressortir les couleurs. Photo prise avec un Canon EOS R équipé d'un objectif Canon RF 24-105mm F4L IS USM à 67 mm, 1/200 s, f/7,1 et ISO 100. © Yasmin Albatoul

Comment organisez-vous et aménagez-vous vos décors ?

« J'adapte mes décors à chaque produit et j'essaye de garder ma présentation équilibré. Je ne vais pas intégrer plus de plats que d'aliments, par exemple, et je ne veux pas encombrer la photo ou étouffer l'élément principal. Une fois que je suis satisfaite du style et que tout est organisé, je prépare mon éclairage. Je préfère travailler avec de la lumière artificielle car cela me permet de mieux organiser mon temps. Je n'ai pas à attendre que la lumière soit correcte et je peux planifier des séances photo le soir. Je travaille avec deux flash Canon Speedlite, je les installe sur des trépieds et je teste la lumière pour choisir la luminosité et la balance des blancs.

Je passe ensuite à la configuration de l'appareil photo. Je commence par installer mon appareil photo sur un trépied. J'ai souvent besoin d'une main pour faire tomber les aliments pour mon effet d'aliments flottant dans les airs et de mon autre main pour déclencher l'obturateur en utilisant l'application Canon Camera Connect ou pour tenir un diffuseur ou un réflecteur. Mon trépied est ma troisième main, il m'aide à régler mon cadre toujours dans la même position pour la superposition en post-production. Je règle ma mise au point et j'aménage les arrière-plans et les accessoires. Enfin, j'ajuste l'ouverture, la sensibilité ISO et la vitesse d'obturation et je réalise des essais de prise de vue jusqu'à ce que je sois satisfaite du résultat. »

Que se passe-t-il lors de la séance photo en elle-même ?

« Le matin de la séance photo, je cuisine et je prépare tous les éléments et tout l'équipement. J'utilise principalement un objectif Canon EF 50mm f/1.8 STM ou un objectif Canon EF 100mm f/2.8L Macro IS USM, associé à un Canon EOS 5D Mark IV ; ou un Canon EOS R équipé d'un objectif Canon RF 24-105mm F4L IS USM. Le système de stabilisation d'image hybride (IS) de l'objectif EF 100mm f/2.8L Macro IS USM s'avère utile si je ne dispose pas de trépied, par exemple, lorsque je dois voyager ou lorsque j'effectue une séance photo en extérieur. J'évite de transporter trop de matériel et l'objectif IS permet d'obtenir des images photographiées à main levée sans que cela se remarque. Vous ne devez voir aucune différence de qualité entre une photo prise dans un studio et une photo prise en extérieur. C'est particulièrement vrai dans la photographie culinaire et de produits. Il ne doit jamais y avoir de défauts sur les photos des emballages, des publicités ou des livres de recettes.

J'interagis sans cesse avec le client pendant la séance photo, je lui envoie souvent des photos depuis mon téléphone pour m'assurer que je suis sur la bonne voie. Mes clients sont presque toujours satisfaits du résultat final et c'est dû au fait que je les tiens informé à chaque étape. »

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Que se passe-t-il après la séance photo ?

« Je choisis les meilleures photos pour mon client avant de passer à la post-production. Lorsque j'ai commencé, j'envoyais toutes les photos afin que le client puisse choisir ses préférées mais il choisissait parfois des photos avec des défauts ou qui étaient plutôt difficiles à retoucher. Je fais attention à toutes les fautes techniques : mauvaise mise au point, sous-exposition, surexposition ou flou. Je supprime toutes les images présentant des défauts évidents. Je ne vais pas retoucher une photo qui n'est déjà pas jolie à l'œil nu. Je peux donc utiliser une approche encore plus subtile lors des retouches et me concentrer sur l'ajustement des couleurs et de la lumière. Je déplace simplement les ombres, ce qui donne à l'ensemble de la lumière une atmosphère plus douce tout en ajustant le contraste. »

Une vue en plongée d'herbes, de fruits secs et d'épices disposés sur une surface noire irrégulière.

Yasmin utilise sa maitrise de la composition et des couleurs pour attirer le regard en bas à gauche de cette image. Pour renforcer encore l'effet, elle a dirigé la lumière artificielle au centre pour créer une vignette à l'aspect naturel. Photo prise avec un Canon EOS 600D équipé d'un objectif Canon EF 50mm f/1.8 STM à 1/160 s, f/6,3 et ISO 200. © Yasmin Albatoul

Un liquide jaillit d'une tasse posée sur une planche en bois foncé, entourée de fruits secs et de feuilles d'automne. Une bougie brûle en arrière-plan.

L'objectif Canon EF 100mm f/2.8L Macro IS USM utilisé pour cette photo d'ambiance est un des objectifs de prédilection de Yasmin. « Il est idéal pour les détails en photographie culinaire », déclare-t-elle. Photo prise avec un Canon EOS 5D Mark IV à 1/160 s, f/4 et ISO 100. © Yasmin Albatoul

Quels sont les défis quotidiens de la photographie culinaire professionnelle ?

« Pendant longtemps, j'ai travaillé pour un studio où mon seul travail consistait à prendre la photo. En tant qu'indépendante, je cuisine désormais tous les plats, en plus d'organiser la séance photo et de retoucher les photos ensuite ; ma gestion du temps est donc essentielle.

La logistique des voyages reste mon obstacle le plus important. J'ai beaucoup d'équipement : des appareils photo, des objectifs, un trépied, des réflecteurs et des diffuseurs. Cela complique le voyage et m'a obligée à refuser des contrats. Le Canon EOS R m'a aidé sur ce point. Avec l'EOS 5D Mark IV, c'est mon appareil photo Canon de prédilection. Les caractéristiques de l'EOS R me permettent de laisser mon trépied de côté et de voyager léger. L'écran orientable m'offre la possibilité de tourner l'appareil photo dans toutes les directions et de toujours voir le résultat, ce qui est particulièrement utile lorsque je photographie du dessus. »

Vous avez toujours eu une passion pour la photographie culinaire mais le fait de travailler dans ce secteur en tant que professionnelle a-t-il changé les choses ?

« J'ai commencé la photographie lorsque j'étais étudiante en psychologie. C'était une échappatoire, un moment de répit. Dès mes premières expériences dans des studios et en travaillant avec d'autres photographes, j'ai su que je pouvais en faire mon métier sans sacrifier ma passion. L'énergie dynamique d'un studio photo m'a immédiatement séduite et j'ai adoré le mélange de compétences techniques et de créativité que cela implique.

En fait, j'aime encore plus la photographie culinaire maintenant. Elle m'a ouvert de nombreuses portes, m'a enseigné les relations avec la clientèle et le marketing, et m'a fait découvrir une grande communauté de photographes qui m'inspire et m'aide tout au long de mon parcours créatif. La photographie m'a aidé à évoluer et à me surpasser, que ce soit pour Instagram ou dans le cadre d'une collaboration internationale. »

Katia Gaid

• Adobe® Photoshop® sont des marques déposées ou des marques commerciales d'Adobe aux États-Unis et/ou dans d'autres pays.

L'équipement de Yasmin Albatoul

L'appareil utilisé par la plupart des photographes professionnels

Appareil photo

Canon EOS 5D Mark IV

Le Canon EOS 5D Mark IV, l'un des appareils photo de prédilection de Yasmin, vous garantit une qualité d'image sans compromis et des performances ultra-professionnelles, quel que soit le sujet que vous photographiez. « J'ai acheté cet appareil photo avec la somme remportée lors d'un concours », confie Yasmin. « J'en rêvais depuis des années. »

Canon EOS R

Grâce à un capteur plein format de 30,3 millions de pixels offrant un niveau de détail impressionnant, des performances ISO exceptionnelles et un autofocus CMOS Dual Pixel, le Canon EOS R permet de réaliser des prises de vue inégalables. « Le Canon EOS R est portable et ses caractéristiques me permettent de laisser mon trépied de côté et de voyager léger », indique Yasmin.

Objectifs

Canon EF 100mm f/2.8L Macro IS USM

Un objectif à focale fixe avec d'excellentes fonctions macro. « Le système interne de stabilisation veille à ce qu'il n'y ait aucune différence de qualité entre une photo prise dans un studio avec un trépied et une photo prise en extérieur », déclare Yasmin.

Canon EF 50mm f/1.8 STM

Effectuez une mise au point parfaitement nette sur votre sujet et obtenez de superbes arrière-plans avec effet de flou grâce à la grande ouverture de f/1,8 de l'objectif EF 50mm f/1.8 STM. En bref, réalisez en toute simplicité des photographies plus artistiques et plus percutantes.

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