Jérôme Sessini

À la frontière entre les États-Unis et le Mexique, une femme est assise sur l'arrière de sa voiture, tandis que son mari et ses cinq enfants jouent et discutent autour d'elle. Derrière eux, on peut voir la fonderie de l'usine ASARCO à El Paso, au Texas.

Depuis plus de vingt ans, l'ambassadeur Canon Jérôme Sessini parcourt le monde pour couvrir les actualités tout en travaillant sur des projets personnels plus longs, notamment une série relative à l'impact des guerres de la drogue au Mexique. « Les week-ends d'été, les familles de Ciudad Juárez [une ville à la frontière mexicaine] viennent se détendre sur la rive du Rio Bravo, à la limite de la frontière entre le Mexique et les États-Unis », explique Jérôme au sujet de ce cliché de 2009. Photo prise avec un Canon EOS 5D (désormais remplacé par le Canon EOS 5D Mark IV) équipé d'un objectif Canon EF 35mm f/1.4L USM (désormais remplacé par le Canon EF 35mm f/1.4L II USM) à 1/250 s, f/11 et ISO100. © Jérôme Sessini/Magnum Photos

L'ambassadeur Canon Jérôme Sessini, photographe de l'agence Magnum, a couvert certains des événements les plus importants des 20 dernières années. Il prend aussi en charge des projets à plus long terme, comme l'étude des guerres entre cartels à la frontière entre le Mexique et les États-Unis, la crise ukrainienne et la lutte que mènent les États-Unis contre la dépendance aux opiacés.

Au travers de son objectif, Jérôme a capturé des bouleversements politiques, des soulèvements sociaux et la souffrance humaine. Il a commencé à s'intéresser à la photographie de reportage en 1998 lorsque l'agence Gamma lui a demandé de couvrir le conflit au Kosovo. Depuis, il s'est plongé dans certains des événements les plus importants des dernières années, notamment la guerre en Irak, la chute du président haïtien Jean-Bertrand Aristide en 2004, la prise de la capitale somalienne Mogadiscio par les milices islamiques, la guerre au Liban en 2006 et le conflit en Syrie encore inachevé. Son travail a toujours le même objectif : aller au-delà des actualités pour capturer des scènes évoquant des problèmes plus larges.

Né en 1968 dans les Vosges, Jérôme a trouvé son inspiration auprès du travail des grands photographes de rue américains Diane Arbus, Lee Friedlander et surtout Mark Cohen. Il a commencé la photographie sur le tard, à 23 ans, et s'impose aujourd'hui comme un photojournaliste de premier plan. Il a rejoint l'agence Magnum en 2012 pour en devenir un membre à part entière en 2016.

La photographie des victimes de la guerre a longtemps été un moteur pour Jérôme. « Quand j’étais enfant, je m’intéressais déjà aux images et, à l’adolescence, j’ai également commencé à me passionner pour l’histoire », explique-t-il. « Je me rappelle que je regardais le journal télévisé avec mes parents. Les conflits étaient déjà nombreux à l’époque. La photographie me semblait alors le meilleur moyen d’être à la fois un artiste et un journaliste. »

Canon Ambassador Jérôme Sessini.

Lieu : France

Domaines de spécialité : photo-journalisme

Kit préféré :
Canon EOS 5D Mark IV
Canon EF 24-70mm f/2.8L II USM
Trois migrants honduriens, une femme et deux hommes, se lavent avec des moyens limités dans le stade de baseball Jesús Martínez Palillo à Mexico en 2018 lors d'une pénurie d'eau.

Des migrants d'Amérique centrale se lavent et se brossent les dents lors d'une pénurie d'eau au stade de baseball Jesús Martínez Palillo à Mexico, au Mexique, en novembre 2018. Photo prise avec un Canon EOS 5D Mark IV équipé d'un objectif Canon EF 24-70mm f/2.8L II USM à 35 mm, 1/250 s, f/13 et ISO 100. © Jérôme Sessini/Magnum Photos

Une jeune femme rousse, dont le haut du corps est dénudé, est assise dos à l'objectif.

Le mannequin Bianca O'Brien, dans la série de Jérôme intitulée Solitude. Il s'agit d'un reportage photo de mode réalisé à Athènes, en Grèce, en septembre 2018. Photo prise avec un Canon EOS 5D Mark IV équipé d'un objectif Canon EF 50mm f/1.2L USM à 1/125 s, f/2,8 et ISO 1600. © Jérôme Sessini

En plus de son « travail principal », Jérôme photographie des personnes dans sa ville natale de l'est de la France, passant de leur vie quotidienne aux paysages qui les entourent. Il prend également part à des projets sur le plus long terme, comme sa série « So far from God, too close to the USA », qui porte sur l'impact des violences résultant de la guerre entre les cartels de drogue au Mexique. Même si chaque séjour qu'il a passé dans une zone de conflit a été un véritable défi, notamment le temps passé en Syrie en 2012 qui a été particulièrement éprouvant sur le plan émotionnel et en raison du danger omniprésent, il confie que les histoires qu'il a suivies au Mexique sont celles qui l'ont le plus touché. Sa série « So far from God, too close to the USA » a reçu plusieurs récompenses et a été publiée dans un livre, The Wrong Side, en 2012. Depuis 2014, Jérôme couvre régulièrement le conflit qui se déroule dans l'est de l'Ukraine.

Le travail de Jérôme a aussi été publié dans d'éminentes revues, telles que Time, De Standaard, Le Monde et Stern. Il a également exposé au Visa pour l'Image, le festival international du photojournalisme de Perpignan, en France, aux Rencontres d'Arles et au ministère de la Culture français. Ses photos vont au-delà du photojournalisme, comme il aime le préciser : « Je n'aime pas mettre les photos dans des cases. Il y a parfois de l'art dans le journalisme et inversement. La conscience, le cœur, la beauté, l'équilibre et la perte d'équilibre sont autant d'éléments essentiels pour moi. »

Sous un ciel enfumé, un prêtre orthodoxe tenant en l'air une croix accorde sa bénédiction aux manifestants sur une barricade à Kiev, en Ukraine.

Un prêtre orthodoxe accorde sa bénédiction aux manifestants sur une barricade à Kiev, en Ukraine, en février 2014. « Des tireurs embusqués non identifiés ont ouvert le feu sur des manifestants non armés alors qu'ils avançaient au niveau de la rue Instytutska. D'après une source officielle, 70 manifestants ont trouvé la mort. La police anti-émeute ukrainienne a aussi déclaré que plusieurs de ses membres avaient été blessés ou tués par des tireurs embusqués, » ajoute Jérôme. Photo prise avec un Canon EOS 5D Mark II (remplacé par le modèle Canon EOS 5D Mark IV) équipé d'un objectif Canon EF 40mm f/2.8 STM à 1/125 s, f/5 et ISO 200. © Jérôme Sessini

Jérôme a reçu des nominations pour de nombreux prix prestigieux au cours de sa carrière, notamment la catégorie Actualités du prix Visa d'Or pour son travail sur la Libye. Son reportage sur le site du crash du vol 17 de Malaysia Airlines, qui a été abattu par un missile sol-air en juillet 2014, lui a valu les honneurs du prix de la photo World Press 2015 (premier prix, Actualités sur le terrain, Reportages) et le prix Olivier Rebbot de l'Overseas Press Club of America. Fait remarquable, Jérôme a également remporté le deuxième prix dans la même catégorie pour le prix de la photo World Press 2015 pour son cliché douloureux « Final Fight for Maidan ».

Jérôme croit que les photographies sont plus puissantes que les vidéos pour toucher les gens. Il a organisé des ateliers conçus dans le but d'aider une nouvelle génération de photographes à développer son propre langage visuel pour la photographie sociale et documentaire.

Vous avez dû être mal à l'aise lors de votre première mission au Kosovo en 1998. Dans cette expérience, qu'est-ce qui vous a fait comprendre que faire des reportages sur des conflits était votre vocation ?

« Je n'ai jamais été particulièrement attiré par le danger. J'avais envie d'être témoin de moments historiques et des bouleversements politiques, et je me suis rendu compte qu'il y avait un décalage entre la réalité et le discours des médias. »

 

Comment choisissez-vous les objectifs et appareils que vous emportez dans une zone de conflit ?

« J'essaye de voyager aussi léger que possible. J'utilise un seul boîtier, et un objectif, le Canon EF 24-70mm f/2.8L II USM. »

 

Comment gérez-vous votre travail au quotidien lorsque vous vous trouvez dans une région dangereuse ou en guerre ?

« Lorsque je suis en mission, mon principal objectif consiste à trouver une connexion Internet rapide. J'édite mon travail chaque jour, et je fais une post-production légère sur mon ordinateur portable. Je préfère toutefois me concentrer sur des projets à long terme, tels que les reportages au Mexique ou en Ukraine, afin d'avoir plus de temps pour éditer les photos après coup et produire ainsi des petits tirages à exposer sur mon mur. »

 

Avez-vous déjà ressenti le besoin d'arrêter de prendre des photos pour intervenir dans une situation ? Ou avec le recul, souhaiteriez-vous l'avoir fait à un moment donné ?

« Non, je n'ai aucun regret. La plupart des endroits où j'ai travaillé au cours des 15 dernières années étaient très difficiles d'accès et aussi à photographier. En outre, je ne prends pas de photo lorsque j'ai la sensation que cela pourrait mettre les personnes concernées en danger. »

 

Comment parvenez-vous à tout oublier une fois que vous rentrez chez vous ?

« J'ai besoin d'une semaine pour revenir à la "vie normale", et ensuite je me lance dans l'édition. »

Ce que je sais

Jérôme Sessini

« Pensez aux soustractions plutôt qu'aux additions pour réaliser de plus belles photos. Je dois avouer qu'au début de ma carrière, j'étais motivé par mon ego. Je souhaitais simplement me rendre dans des endroits difficilement accessibles par les autres. Cette motivation a rapidement changé. Plus je passais de temps à observer des conflits, plus je me sentais responsable. Mon approche photographique s'est transformée en un portait plus authentique, dans une volonté de montrer la vérité en retirant le superflu. »


Instagram : @jeromesessini

Twitter : @jeromesessini

Site Internet : www.magnumphotos.com/photographer/jerome-sessini/

Les indispensables de Jérôme Sessini

Kit utilisé par la plupart des photographes professionnels

kitbag

Appareil photo

Canon EOS 5D Mark IV

Apprécié des professionnels, robuste et assez léger, le EOS 5D Mark IV convient aussi bien aux photos qu'aux vidéos, et est donc l'appareil idéal pour les reportages. « Le Mark IV est l'outil idéal, tant par sa solidité que par sa fiabilité », déclare Jérôme. « J'utilise cet appareil photo pour toutes mes missions, qu'il s'agisse de mode, de contenu d'entreprise ou pour toute situation nécessitant un appareil robuste. »

Canon EOS R

L'appareil photo hybride plein format révolutionnaire. « Mon appareil photo favori pour tous mes projets personnels à long terme », affirme Jérôme.

Objectifs

Canon EF 24-70mm f/2.8L II USM

A professional everyday L-series zoom that delivers high image quality with a constant f/2.8 aperture. Jérôme says: "I shoot 90 per cent of my images with this lens. The best trans-standard zoom ever in term of quality, lightness and focus speed."

Canon EF 100mm f/2.8L Macro IS USM

Cet objectif polyvalent produit d'excellents résultats pour les portraits et les vidéos réalisées caméra à la main grâce à sa capacité à créer une faible profondeur de champ avec de beaux bokeh. « J'aime l'utiliser pour les portraits en gros-plan et pour photographier des détails », explique Jérôme. « Les couleurs et la netteté qui en résultent sont incroyables. »

Canon EF 50mm f/1.2L USM

Cet objectif, souvent choisi par les professionnels pour les portraits, est apprécié pour le contrôle précis qu'il offre sur la mise au point et la profondeur de champ. « J'adore cet objectif pour les portraits et les paysages », dit Jérôme.

Canon EF 40mm f/2.8 STM

Objectif « pancake » compact à ouverture rapide, idéal pour les photographies de voyage ou classiques. Jérôme déclare : « C'est un objectif parfaitement adapté à la photographie de rue de par sa légèreté. Je l'associe souvent à l'EOS R à l'aide d'un adaptateur. »

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