« J'étais en Afghanistan lorsque des attaques se produisaient tous les jours dans le pays », se souvient la photojournaliste Stefanie Glinski, qui a vécu quatre ans dans ce pays d'Asie centrale, de 2018 à 2022. « Il y avait beaucoup de violence, ce qui n'empêchait pas les gens de vaquer à leurs occupations quotidiennes. Je souhaitais montrer ces instants également ».
Cette envie de partager ces histoires a conduit Stefanie à voyager aux quatre coins du monde. Elle a photographié les événements en Afghanistan, les guerres en Ukraine et à Gaza ainsi que les effets du changement climatique en Somalie et au Kenya. Née en Allemagne, Stefanie a beaucoup déménagé. Elle a vécu au Canada, aux États-Unis et au Royaume-Uni ; c'est pour cela que son identité n'est pas ancrée dans son pays d'origine selon elle. Outre son allemand natal, Stefanie parle anglais, français, persan et espagnol. Elle apprend désormais le turc, car elle vit actuellement à Istanbul.
Stefanie Glinski
Malgré son esprit nomade, Stefanie préfère rester au même endroit pendant ses reportages. Qu'elle couvre l'actualité percutante, les conflits ou les effets du changement climatique, elle préfère vivre là où elle travaille, plutôt que de devoir voyager en permanence. Sa priorité n'est pas seulement de prendre la photo ou de raconter l'histoire, mais de faire connaissance avec ses interlocuteurs, les entendre parler de leur vie, créer des relations avec eux. Les personnes et les relations sont au cœur de son travail, et gagner la confiance d'une personne avant de la photographier est crucial pour elle.
« Ces relations et amitiés perdurent encore aujourd'hui », confie Stefanie, pensant à ses années passées en Afghanistan. « J'ai pu apprendre la langue et me créer un réseau d'amis ». Comme beaucoup de journalistes, sa couverture là-bas n'a pris fin que lorsqu'elle a été contrainte de quitter le pays un an après que les talibans ont pris le pouvoir et cessé d'accorder des visas aux journalistes.
Domaine de spécialité : photojournalisme
Équipement de prédilection : Canon EOS R5
Canon RF 24-70mm F2.8L IS USM
La passion de Stefanie pour la photographie lui vient de son enfance, influencée par son père, qui lui a offert son premier appareil photo et l'a initiée au reflex. Ayant grandi dans une famille férue de photographie, elle a développé ses talents sous les conseils de son père, en utilisant toujours des appareils photo Canon.
À 16 ans, elle débute sa carrière de photojournaliste dans un journal local, encadrée par le rédacteur en chef. « Il m'a enseigné les ficelles de la mise en page et de la rédaction d'articles pour les journaux », se souvient Stefanie. « Il m'a donné un appareil photo pour travailler et m'a envoyée photographier des événements locaux. Ces photos ont été publiées dans ce journal et je considère que ce rédacteur en chef m'a vraiment donné le goût du métier. Il a marqué un tournant dans ma vie et m'a encouragée dans mes choix ». Avec un objectif clair en tête, Stefanie a ensuite passé un master en journalisme à la City University of London.
Depuis lors, la ténacité et le talent de Stefanie lui ont permis d'acquérir une liste de clients prestigieux, notamment l'AFP, Foreign Policy, The Guardian, The Economist, le Los Angeles Times et Reuters. Elle a couvert l'actualité du monde entier, notamment les conséquences de la guerre de 2021 à Gaza, l'explosion du port de Beyrouth au Liban, l'arrivée du peuple Rohingya au Bangladesh, ou encore la sécheresse en Afrique de l'Est en Somalie et au Kenya. Elle a également photographié les déplacements de population dans le bassin du lac Tchad au Niger, le tremblement de terre au Népal, l'épidémie d'Ebola en Sierra Leone et la guerre en Syrie.
« Je me concentre sur l'actualité, les conflits, le changement climatique, les crises humanitaires et les violations des droits de l'Homme », précise Stefanie, également lauréate du Prix Varenne pour son travail au Soudan du Sud, où elle a vécu deux ans lorsqu'elle travaillait pour l'AFP.
Pourquoi préférez-vous les projets au long cours ?
« Pour leur profondeur. Je ne me contente pas de découvrir un contexte qui m'est inconnu. Plus on passe du temps dans un lieu, mieux on le comprend. Le reportage prend ainsi une tout autre dimension et devient également plus authentique ».
Pourquoi les langues occupent-elles une place si importante dans votre travail ?
« Je travaille à l'international et les langues sont un excellent moyen de créer des liens avec les gens. Elles ouvrent des portes, elles permettent de créer une relation de confiance. Chaque fois que je déménageais dans un nouveau pays, je prenais des cours de langue. Je veux être respectueuse vis-à-vis de l'endroit dans lequel je vis, même si ce n'est que temporaire, et apprendre la langue est une preuve de respect ».
Quel type d'accès obtenez-vous grâce à ces langues ?
« Les langues ne me permettent pas d'« accéder » à quoi que ce soit. En revanche, elles me permettent de créer des liens, de tisser une relation de confiance et de gagner du respect. Je veux m'assurer que la personne que j'interviewe et que je photographie se sent en sécurité, comprise, et donne l'image qu'elle souhaite d'elle. Comprendre la langue d'une personne, même partiellement, me permet également de lui demander son consentement, ce qui est extrêmement important pour moi ».
Que voulez-vous mettre en lumière ?
« L'injustice et les gens qui y sont confrontés. Trop de personnes que j'ai rencontrées ont subi des injustices incroyables, que ce soit à cause de la guerre, des conséquences du changement climatique, de leur genre ou de stéréotypes au sein de la société. Les gens cherchent souvent à raconter leur expérience. Pensez par exemple aux victimes de la guerre et de la violence. Malheureusement, nombre d'entre elles n'auront peut-être jamais la possibilité de témoigner devant un tribunal pour que justice leur soit rendue. Je me dois de rendre compte de ces injustices et de raconter l'histoire des gens ».
Ce que je sais
Stefanie Glinski
« Parfois, il vaut mieux ne pas prendre de photo. Même si mon travail consiste à photographier des gens, il m'est arrivé de poser mon appareil photo. La photographie peut déranger, et je me suis retrouvée dans des situations très complexes, tristes ou horribles dans lesquelles prendre une photo aurait été inapproprié et irrespectueux. Je veux être humble pendant que je travaille et m'assurer d'obtenir le consentement de chaque personne que je photographie. Si je sens que l'appareil photo dérange, je ne l'utilise pas ».
Instagram : @stephglinski
Twitter : @stephglinski
Site Internet : stefanieglinski.com
Équipement de Stefanie Glinski
Kit utilisé par la plupart des photographes professionnels
Appareil
Canon EOS R5
Cet appareil photo hybride par excellence permet aux photographes de prendre des photos de 45 millions de pixels, et aux cinéastes de filmer des vidéos RAW 8K 12 bits. « J'aime sa robustesse, en particulier dans les environnements dans lesquels je travaille, comme en Somalie ou en Sierra Leone, où les chemins de terre génèrent beaucoup de poussière », explique Stefanie. « J'ai été convaincue par la qualité de ce modèle. Je ne veux pas non plus d'un appareil photo volumineux qui fasse peur aux personnes que je photographie ».
Objectifs
Canon RF 24-70mm F2.8L IS USM
Donnez à votre photographie hybride plein format une qualité professionnelle avec un zoom 24-70 mm doté d'une ouverture rapide et d'un stabilisateur d'image à 5 vitesses. « Cet objectif me suit partout », confie Stefanie. « Je l'utilisais tout le temps lorsque j'étais en Afghanistan. Il était idéal pour toutes les situations et tous les cas de figure que j'ai rencontrés. Je ne veux pas que l'appareil photo soit un obstacle entre moi et une autre personne ».
Canon RF 70-200mm F2.8L IS USM
L'objectif RF 70-200mm F2.8L IS USM, qui appartient à la trinité des zooms professionnels indispensables, est le compagnon idéal pour la photographie d'investigation, de sport et de voyage. « J'utilise également cet objectif zoom de temps à autre. Ce sont mes deux objectifs de prédilection ».
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